De plus en plus de médicaments sont indisponibles en pharmacie, ce qui peut poser de graves problèmes chez les patients dans certaines affections et entraîner une perte de chance. En juillet 2019 environ 5% des médicaments étaient en rupture (cortisone, vaccins, hypotenseurs, anti cancéreux, antibiotiques,….).
La concentration de la fabrication de médicaments sur quelques sites pose un problème de santé publique.
Le moindre incident sur une chaîne de production peut tarir l’approvisionnement mondial. Les pharmaciens (y compris ceux des hôpitaux) doivent jongler en permanence pour trouver un produit équivalent.
Le problème n’est pas récent, mais il s’est fortement aggravé ces dernières années (12 fois plus qu’il y a 10 ans). Il s’agit d’une crise mondiale.
Un médicament peut être manquant pour différentes raisons :
Indisponibilité réelle ou une rupture réelle du stock (les laboratoires travaillent à flux tendu pour éviter de garder des stocks qui coûtent cher) causée par exemple par :
- un problème de fabrication ou de disponibilité d’une matière première,
- un problème de qualité : souvent fabriquées en Chine ou en Inde, les molécules de base présentent parfois des anomalies entraînant un refus justifié des autorités sanitaires de les accepter ; mais il n’y a pas de solution de remplacement,
- un problème logistique (par exemple le transport),
- une augmentation importante de la demande mondiale.
Souvent une à deux usines seulement produisent une molécule ; le moindre problème dans une usine entraîne une pénurie à l’échelle mondiale.
Arrêt de commercialisation (temporaire ou définitif).
Problème de distribution
Un médicament peut être indisponible uniquement dans certaines pharmacies en raison d’un problème de distribution locale. Le médicament n’est alors pas réellement indisponible.
Problème lié au prix des médicaments
- les « vieux médicaments », toujours efficaces, tombés dans le domaine public ne rapportent plus assez aux laboratoires,
- presque tous les médicaments sont produits, au moins en partie, à l’étranger. Le paracétamol par exemple est fait en Asie. En France, les prix des traitements sont relativement bas lorsqu’on compare avec d’autres pays. Il y a donc un problème économique. Les industriels préfèrent fournir les pays ou la santé coûte plus cher. Et donc leur rapporte plus,
- quand un seul laboratoire produit une molécule, il peut organiser la pénurie pour augmenter les prix.
Solutions et actions
Afin de résoudre ces problèmes de ruptures de stocks et le manque de communication, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a présenté le lundi 8 juillet à l’ordre des pharmaciens un plan contre les ruptures de stocks.
Ce rapport s’articule autour de quatre axes.
Le premier, promouvoir la transparence et la qualité de l’information afin de rétablir la confiance et la fluidité entre tous les acteurs : du professionnel de santé au patient.
Le deuxième axe favorise la lutte contre les pénuries de médicaments par des nouvelles actions de prévention et de gestion sur l’ensemble du circuit du médicament.
Le troisième point vise à renforcer la coordination nationale et la coopération européenne pour mieux prévenir les pénuries de médicaments.
La dernière partie a pour but de mettre en place une nouvelle gouvernance nationale. Le rapport des sénateurs propose notamment d’expérimenter des « exonérations fiscales ciblées pour les entreprises qui s’engageraient à implanter en France des sites de production de matière active ou de médicaments jugés essentiels pour la sécurité sanitaire ».
D’autres ont évoqué la possibilité de relocalisation d’une partie de la production en France, mais actuellement cela s’avère complexe.
Pour l’instant la pénurie persiste et les laboratoires restent les maîtres du jeux.
Serge Rieupeyrou